La prochaine division par deux du Bitcoin, ou “halving”, prévue pour le 24 avril selon CoinMarketCap, pourrait entraîner une migration massive des activités de minage en dehors des États-Unis. En effet, la récompense des mineurs de Bitcoin passera de 6,25 BTC (soit environ 321 000 dollars) à 3,125 BTC (environ 160 500 dollars). Historiquement, cet événement a été suivi d’une augmentation significative du prix du Bitcoin. Cependant, si le prix ne grimpe pas avant la fin de la période de trois à quatre mois suivant le halving, les sociétés minières publiques aux coûts élevés pourraient voir leurs actions s’effondrer et certaines pourraient même être contraintes de délocaliser leurs opérations.
Jaran Mellerud, fondateur et stratège en chef du minage chez Hashlabs Mining, prévoit que certains mineurs inefficaces aux États-Unis devront éteindre leurs machines, notamment ceux qui paient des tarifs d’hébergement de 0,07 dollar par kWh ou plus. Il anticipe un potentiel déplacement de la puissance de calcul (“hash rate”) du Bitcoin vers des pays où l’électricité est moins chère, comme en Afrique et en Amérique Latine.
Une transition vers des coûts d’électricité plus avantageux
Les pays africains tels que l’Éthiopie, le Nigeria et le Kenya sont bien placés pour capter une part plus importante du hash rate. L’Éthiopie, avec son surplus d’hydroélectricité massif et l’intérêt déjà manifesté par des mineurs chinois, pourrait absorber entre 5 et 10% du hash rate total du Bitcoin dans les prochaines années. En Amérique du Sud, l’Argentine et le Paraguay se présentent comme les destinations minières les plus prometteuses.
Les préoccupations liées à la rentabilité ont refait surface fin janvier lorsque Cantor Fitzgerald a rapporté que 11 mineurs de Bitcoin cotés en bourse ne seraient pas rentables après le halving si le prix du Bitcoin restait autour de 40 000 dollars. Toutefois, avec un prix actuel à 51 000 dollars, seulement quatre des 13 sociétés minières seraient sous le seuil de rentabilité.
La position des mineurs américains
Mitchell Askew, analyste en chef chez Blockware Solutions, soutient que la plupart des mineurs publics américains opèrent à des tarifs électriques suffisamment bas pour rester rentables. Il minimise également l’idée que la majorité des mineurs inefficaces soient basés aux États-Unis et affirme que toute perte de hash rate aux États-Unis serait négligeable.
Cependant, même en cas de non-rentabilité, il existe plusieurs raisons qui empêcheraient les mineurs américains de se déplacer à l’étranger. Certains sont liés par un contrat d’hébergement fixe qui les oblige à continuer à miner quelle que soit la rentabilité tandis que d’autres minent dans le seul but d’accumuler du Bitcoin non soumis au processus “Know Your Customer” (KYC), se souciant moins de la rentabilité immédiate.
Conséquences potentielles sur l’industrie minière
En conclusion, nous sommes face à un tournant potentiellement crucial pour l’industrie minière du Bitcoin. Si l’on considère les tendances historiques, un rebond significatif du prix après le halving n’est pas improbable. Cependant, il est clair que l’incertitude demeure et pourrait remodeler la géographie du minage mondial.
Il est essentiel pour les investisseurs et les professionnels du secteur de suivre attentivement ces évolutions. Les prochains mois seront déterminants pour comprendre comment l’industrie s’adaptera à ces changements majeurs et quelles seront les nouvelles capitales mondiales du minage de Bitcoin.