Le débat sur l’utilité et l’impact des réseaux de couche 3 (L3) sur Ethereum a été ravivé récemment par Marc Boiron, PDG de Polygon. Selon lui, ces L3 ne seraient pas nécessaires pour l’échelle d’Ethereum et leur seul but serait de détourner la valeur du réseau principal. Nous, chez cours-crypto.fr, allons décortiquer cette déclaration et ses implications.
La position tranchée de Marc Boiron
Dans une prise de position qui n’a pas manqué de susciter des réactions, Marc Boiron a affirmé que Polygon Labs ne travaille pas sur les couches 3 car elles ne sont pas requises pour augmenter la capacité des réseaux existants. Il insiste sur le fait que les L3 existent uniquement pour transférer la valeur loin d’Ethereum vers les L2 sur lesquels les L3 sont construits. Cette perspective, bien qu’elle soit partiellement partagée par certains acteurs du milieu, est loin de faire l’unanimité.
Ainsi, un intervenant a rétorqué que les L2 sur Ethereum “sont une valeur sur Ethereum”, ce à quoi Boiron a répondu en exprimant son désaccord partiel. Il a expliqué que si tous les L3 se réglaient sur un seul L2, Ethereum ne capturerait pratiquement aucune valeur et sa sécurité serait alors compromise. Il a ajouté que Polygon n’est pas dans une démarche d’accaparement de la valeur au détriment d’Ethereum.
La mission de Polygon et le débat sur les couches 3
Polygon s’est donné pour mission de mettre à l’échelle Ethereum quand personne d’autre ne le faisait, en utilisant la parallélisation de la Machine Virtuelle Ethereum et avec une attention particulière pour la confidentialité. Pour Boiron, les L3 ne sont pas cohérents avec cette mission. Les protocoles de couche 3 sont conçus au-dessus des L2 pour héberger des applications décentralisées spécifiques à chaque application, offrant une gamme de solutions pour l’échelle, la performance, l’interopérabilité, la personnalisation et les coûts.
Cependant, le secteur reste petit en comparaison avec seulement quatre jetons L3 listés par CoinGecko. Cela dit, il est intéressant de noter que l’écosystème des couches 3 et les solutions des réseaux L2 incluent des acteurs comme Orbs, Xai, zkSync Hyperchains et Degen Chain sur Arbitrum Orbit.
Les contre-arguments à la vision de Boiron
Peter Haymond d’Offchain Labs a soutenu qu’il y avait de nombreux avantages aux L3 qui ne prennent pas de valeur à Ethereum. Les coûts faibles de bridging natif depuis le L2 plutôt que le L1, le coût faible de prouver on-chain, les jetons de gaz personnalisés et les fonctions spécialisées de transition d’état font partie des avantages évoqués.
Patrick McCorry d’Arbitrum Foundation s’est dit surpris par la prise de position de Boiron, affirmant que les L3 semblent être une évidence, surtout lorsqu’ils permettent au L2 de finalement devenir une couche de règlement. De plus, Mert Mumtaz, PDG d’Helus Labs, semble être en accord avec Marc Boiron en qualifiant les L3 de “serveurs centralisés se réglant sur d’autres serveurs centralisés (L2)”.
La vision initiale d’Ethereum et l’avenir des couches 3
Vitalik Buterin lui-même avait alimenté ce débat à la fin 2022 en indiquant que les couches 3 serviraient un objectif différent de celui du scaling en fournissant une “fonctionnalité personnalisée”. Il avait souligné qu’une troisième couche sur la blockchain n’a du sens que si elle offre une fonction différente des couches 2.
En conclusion, bien que la position tranchée du PDG de Polygon puisse sembler provocatrice pour certains, elle met en lumière un débat technique essentiel sur l’évolution future d’Ethereum. La question centrale reste celle-ci : comment améliorer le réseau tout en préservant sa sécurité et sa décentralisation ? Le temps nous dira quelles solutions auront été adoptées et si les prédictions actuelles se seront avérées justes.