En tant que journalistes spécialisés dans la cryptomonnaie, nous sommes régulièrement confrontés à des situations où les intentions réglementaires d’un pays peuvent sembler ambiguës. C’est précisément le cas du Nigeria, dont les récentes actions envers l’industrie de la crypto soulèvent des questions au sein de la communauté crypto mondiale. Nathaniel Luz, co-fondateur et directeur marketing de Flincap, une plateforme locale d’échange de cryptomonnaies, suggère que le gouvernement nigérian devrait plutôt s’attaquer aux problèmes de licence pour les échanges locaux au lieu de pointer du doigt l’écosystème crypto pour les défis liés au forex.
Accès restreint et spéculation de bannissement
Les utilisateurs nigérians de cryptomonnaies ont récemment signalé des difficultés à accéder aux sites web de diverses plateformes d’échange comme Binance ou OctaFX via les fournisseurs de télécommunications traditionnels. Ces incidents, survenus le soir du 21 février, ont alimenté la spéculation quant à une éventuelle interdiction gouvernementale des plateformes crypto. À notre avis, cette situation reflète une certaine réticence du gouvernement à entretenir une relation constructive avec le secteur des cryptomonnaies.
Le gouvernement blâme notamment les traders OTC qui échangent du Tether (USDT) contre la monnaie locale, le naira, sur le marché P2P, pour la dévaluation actuelle de la monnaie. Le taux de change actuel est d’environ 1 800 nairas pour un dollar. Cependant, imputer aux traders OTC la responsabilité de la dévaluation du naira est incorrect, car l’industrie crypto n’est pas responsable de la récession économique ni de la chute du naira.
Facteurs économiques et position gouvernementale
Luz a énuméré plusieurs facteurs économiques qui sont selon lui les vrais coupables de la chute du naira : l’excès de nairas en circulation, un manque de dollars américains, une forte dépendance aux importations, l’émigration et l’échange de devises, ainsi que l’incertitude concernant les paiements d’Eurobond. Il semble clair que ces problèmes ne sont pas liés à l’industrie locale du commerce crypto.
De plus, le gouvernement nigérian a effectué un pas positif pour l’ensemble de l’industrie crypto en levant l’interdiction crypto imposée en 2021 par la SEC et la CBN. Cette décision devrait permettre aux plateformes d’échange crypto d’obtenir des licences pour opérer au Nigeria.
Défis et opportunités pour les startups
Cependant, malgré cette avancée, bon nombre de startups tentent toujours de répondre aux critères d’obtention de licence, qui comprennent un capital social versé de 500 millions de nairas (environ 340 343 dollars) et des frais de demande s’élevant à 30 millions de nairas (environ 20 420 dollars). Luz estime que le gouvernement ferait mieux de résoudre le problème des licences pour les bourses locales plutôt que d’accuser l’écosystème crypto local de ses difficultés en matière de forex.
Le Nigeria est actuellement le plus grand marché P2P au monde. Cette situation découle directement de l’interdiction faite par la Banque centrale du Nigeria aux institutions financières d’acheter et de vendre des cryptomonnaies en 2021.
Implications réglementaires
Toutes ces informations nous amènent à réfléchir sur les implications réglementaires dans le domaine des cryptomonnaies. La régulation peut avoir un impact profond sur le développement et l’adoption des cryptomonnaies dans un pays donné. L’exemple du Nigeria démontre qu’une approche claire et cohérente est nécessaire pour permettre à l’industrie crypto non seulement de prospérer mais aussi d’être reconnue comme un acteur économique légitime.
En conclusion, il est primordial pour les gouvernements d’établir des cadres réglementaires qui soutiennent l’innovation tout en protégeant les consommateurs. Le cas nigérian illustre parfaitement les défis et les opportunités inhérents à cet exercice d’équilibre. Sur cours-crypto.fr, nous continuerons à suivre cette situation et à fournir des analyses pertinentes sur l’évolution des réglementations dans le monde des cryptomonnaies.